Volcan Version imprimable

Le sommeil. Le souterrain. L'invisible. L'obscur.
Puis le bruit.
Les soubresauts. Les fumerolles qui deviennent fumées.
On regarde, on scrute, on fouille, on pré-sent
L'oppressant.
Le danger.
Quand?
L'incertitude. La peur.
Et soudain la force, la brutalité, l'inévitable.
Notre faiblesse, notre fragilité.
Mais aussi notre force, la foi en l'avenir.
La résilience.
Rebâtir. Revivre.
Les cycles de la vie...
La poésie!

Poésie volcanique Version imprimable

La poésie est un volcan
Les mots prennent leur envol quand
La pression est trop forte
Il faut bien que ça sorte

Ils s'arrachent, mais bout à bout 
Ne connaissent plus de tabou
Ainsi naît un poème
Porté comme un totem.

Poussées de rage ou d'émotions
Il n'a pas d'autre prétention
Qu'offrir la résilience
Apaiser la violence.

Comptines Version imprimable

Le nuage a fait pluie-pluie
Il a gonflé la rivière
L'eau s'en est allée, tant pis!
El' s'en va mouiller la mer.


*


Tourne, tourne petit moulin
Crisse et grince écrase le grain
Chaude et blanche et fine farine
Cric et crac et croque le pain.


*


Tournicoton colimaçon
L'escalier qui tourne en rond
Si tu montes au grenier
Prends garde aux araignées.


*


La baleine  nage dans l'eau
Avec son petit baleineau
Rien à craindre du crocodile
Car il ne mange pas de krill.
 

Va! Version imprimable

Va!
Je n'ai pas pu te dire
Tu es partie avant.
Mes mots restent sans voix
Suspendus, inutiles.
Tu es partie souffrante
 De te voir aussi vieille
En ayant mal au corps
Et mal au temps qui passe.
Pauvre carnet d'adresses
Tant de noms effacés!
Va, rejoins ton mari:
Il t'a tant attendu .
La porte des secrets
Se referme à jamais.
Tu peux partir en paix.

Neige sur le lac. Version imprimable

Il neige sur le lac.
Il danse sur le lac.
Mais à peine l'eau effleurée, les flocons sont gobés. L'eau a soif de neige.
A peine un frémissement, mais aussi des milliers de frémissements, baisers à peine esquissés.
Dans le faux jour de cette fin de jour d'hiver, petit clapotis sous le ponton où je suis assis.
Bruit humide.
Je me tais. C'est ma façon de parler à ce qui m'entoure.
La carpe d'or dort au fond, dans la vase.
Ne pas la réveiller. Surtout pas !
Sur la rive la neige tient déjà.
Tiens ? Déjà ?
La nuit s'enfonce et s'annonce froide et en surface l'eau va durcir ; va blanchir. Le passage de l'eau en glace se fera sans bruit.
Et sans moi.

L'âge Version imprimable

Le regard se perd
dans les brumes de l'automne
la mémoire aussi

C'est l'heure! Version imprimable

C'est l'heure tant attendue où le monde vacille, où le soleil perd de sa force et où les ombres s'allongent. Il commence à faire un peu frais: vite, une petite laine, et restons ensemble à table encore un peu. Il a fait si chaud aujourd'hui! Les flammes du feu de bois vacillent elles aussi et tendent leurs doigts fébriles vers le ciel qui s'obscurcit inexorablement. La fumée, qu'un vent coquin rabat parfois, pique les yeux, mais c'est le prix à payer pour jouir encore de ce jour qui s'achève.
Entrer dans la nuit est un moment d'extase que chacun veut prolonger. Une à une les étoiles s'allument à mesure que l'ouest perd de son éclat trop voyant. Attendons que la lune se lève, attendons que le feu se meure, attendons la première étoile filante, attendons que le renard glapisse au fin fond de la forêt, attendons je ne sais quoi de surnaturel...
Mais, une dernière piqûre de moustique, une dernière tape sur la cuisse en retard: eh oui, il faut bien rentrer maintenant, c'est l'heure.
 

Doux sommeil (senryu) Version imprimable

A la fin du jour
lorsque l'on  ferme les yeux
 on voit des étoiles

on s'enfonce dans la nuit
ô douce mort quotidienne