Cher Monsieur,

savez-vous la place que vous prenez dans ma vie? Matin, midi et soir je pense à vous.

Lorsque je tranche votre pain frais, je vois des champs de blé somnolant au soleil de juillet, des alouettes qui s’envolent en chantant la joie de l’été.

Un peu rassis, lorsque je le fais griller et que je vois la mie blondir et que j’entends la croûte grésiller, c’est toute la maison qui embaume.

Et lorsqu’au soir je le trempe dans ma soupe, je devine tous ces aïeuls de la terre, fourbus, mais heureux d’avoir du pain à manger.

Alors, cher boulanger, pour tout cela, que vos mains soient bénies.

Bien à vous.