Hiver. Version imprimable

J'ai jeté dans le poêle un morceau de bois. D'ici une heure, ce ne sera qu'un petit tas de cendres.
Ma vieille maison aura mangé toutes les calories. Il faudra recommencer.
L'hiver lacère de ses griffes les vitres de la porte et des fenêtres.
Il veut entrer, mais n'y parvient pas.
L'hiver est une lutte.
Il faut être très vigilant.
Dans une maison neuve, bien isolée, l'hiver n'existe pas. Quel dommage!

Souvenir de ton poids léger. Version imprimable

Je me souviens.
Un soir, nous avons marché dans cette rue. Arrivés sur cette place, nous nous sommes assis sur un banc.
Nous ne nous disions rien: sentir nos mains suffisait.
Puis nous nous sommes embrassés; longuement; lentement: l'été sentait si bon!
Dans nos veines coulait le sang de l'amour. Les mots ne servent à rien dans ces moments-là.
Puis nous nous sommes levés, avons marché encore quelques instants et sommes rentrés.
La nuit nous attendait.
Et maintenant que tu n'es plus, je sens encore sur mon bras le poids léger de ton bras.
Jusqu'à toujours...

Et si... Version imprimable

Et si j'ouvrais ma main
et si un oiseau s'envolait
et si en votre oreille
un oiseau se posait?

Et si je fendais la pierre
et si une fleur s'ouvrait
et si en votre chambre
une rose embaumait?

Et si j'ouvrais un livre
et si je lisais ces mots
et si par pur hasard
votre coeur s'enflammait?

Ephémère. Version imprimable

Ecoute la voix de la lune.
Son écho résonne dans la feuillée et disparaît.
Et tu te dis: ai-je entendu quelque chose?
Ou ai-je simplement imaginé, l'espace d'un instant, être l'une de ces feuilles tremblantes au souffle de la nuit?

Futur Version imprimable

Je boirai la lave des volcans
  je déchirerai les voiles de l'air
 je fendrai la vague des océans
je m'endormirai enfin sous la terre

Le lac. Version imprimable

L'eau est lisse.
Si lisse que le monde d'en face se lit en double.
Mais qu'une brise vienne la caresser, elle frissonne et le reflet se fractionne.
Fiction ou friction?
Friction, résistance au mouvement entre deux surfaces, désaccord entre deux personnes.
Ici, c'est un jeu, où l'eau s'amuse à déchirer le ciel, en faire des confettis, petites écailles.
Elle le chiffonne et le ridiculise.
Mais ce n'est qu'un jeu: il suffit que l'hélice du vent s'arrête de tourner pour que l'eau s'assagisse.
Ce n'était que fiction, car il suffit de lever les yeux vers le ciel pour voir qu'il est toujours là, impassible, entier, immense.
Sérieux.

A un ami perdu de vue. Version imprimable

Des mots que je ne te dirai jamais.
Bouche fermée
je te regarde partir de l'autre côté du voile
prison des regrets, des secrets enfouis
amertume d'un ratage.

Mes drapeaux de prière Version imprimable

Mes drapeaux de prière
en lettres suspendues
accrochées à un fil
comme linge qui sèche
au vent de la mémoire
ou celui de l'oubli