Je suis l'océan.
14 Juin 2025
Je suis l'océan.
Je suis immense.
Je suis d'eau et de sel.
Le vent est mon ami: il joue avec moi et je lui réponds avec la houle et la vague. Mes couleurs préférées sont le bleu et le vert, mais je me grise sous la tempête et la crête de mes vagues se pare de blanc. Pourtant, au fond de moi, je reste calme et silencieux. J'abrite la vie qui grouille en moi, de l'infime plancton à la monstrueuse baleine, de la frêle méduse au coquillage le plus impénétrable. Tout le monde a besoin de tout le monde pour se nourrir.
Je porte vos bateaux. J'aimais bien ceux d'autrefois, qui filaient au vent: ils avaient quelque chose de naturel. Nous n'étions pas encore ennemis même si mes déchaînements de violence les faisaient souvent sombrer. Je n'ai jamais cherché à vous faire mal alors que ceux d'aujourd'hui, eux, me font mal, me souillent de boues noires ou rouges, raclent mes fonds vivants. Et pourtant, sur mes rives, je vous vois vous amuser sur vos fragiles planches à faire des pirouettes, jouer avec mes ressacs.
Mais en réalité, je vous ignore. Je vis ma vie d'océan, attiré et repoussé par la lune. Je ne dors jamais. Des courants me traversent transportant ici ou là le chaud, le froid, le sel. Toujours renouvelé, inépuisable, même si dans ma si longue vie je n'ai pas toujours été à la même place. Et lorsque le vent me pousse trop fort, vos digues, vos jetées, vos remparts semblent si fragiles à mes yeux et si robustes aux vôtres.
Vous croyez avoir des armes contre moi.
Je n'en ai pas contre vous.
Je n'ai que moi.
Je suis immense.
Je suis d'eau et de sel.
Le vent est mon ami: il joue avec moi et je lui réponds avec la houle et la vague. Mes couleurs préférées sont le bleu et le vert, mais je me grise sous la tempête et la crête de mes vagues se pare de blanc. Pourtant, au fond de moi, je reste calme et silencieux. J'abrite la vie qui grouille en moi, de l'infime plancton à la monstrueuse baleine, de la frêle méduse au coquillage le plus impénétrable. Tout le monde a besoin de tout le monde pour se nourrir.
Je porte vos bateaux. J'aimais bien ceux d'autrefois, qui filaient au vent: ils avaient quelque chose de naturel. Nous n'étions pas encore ennemis même si mes déchaînements de violence les faisaient souvent sombrer. Je n'ai jamais cherché à vous faire mal alors que ceux d'aujourd'hui, eux, me font mal, me souillent de boues noires ou rouges, raclent mes fonds vivants. Et pourtant, sur mes rives, je vous vois vous amuser sur vos fragiles planches à faire des pirouettes, jouer avec mes ressacs.
Mais en réalité, je vous ignore. Je vis ma vie d'océan, attiré et repoussé par la lune. Je ne dors jamais. Des courants me traversent transportant ici ou là le chaud, le froid, le sel. Toujours renouvelé, inépuisable, même si dans ma si longue vie je n'ai pas toujours été à la même place. Et lorsque le vent me pousse trop fort, vos digues, vos jetées, vos remparts semblent si fragiles à mes yeux et si robustes aux vôtres.
Vous croyez avoir des armes contre moi.
Je n'en ai pas contre vous.
Je n'ai que moi.
C'est l'heure!
02 Oct. 2024
C'est l'heure tant attendue où le monde vacille, où le soleil perd de sa force et où les ombres s'allongent. Il commence à faire un peu frais: vite, une petite laine, et restons ensemble à table encore un peu. Il a fait si chaud aujourd'hui! Les flammes du feu de bois vacillent elles aussi et tendent leurs doigts fébriles vers le ciel qui s'obscurcit inexorablement. La fumée, qu'un vent coquin rabat parfois, pique les yeux, mais c'est le prix à payer pour jouir encore de ce jour qui s'achève.
Entrer dans la nuit est un moment d'extase que chacun veut prolonger. Une à une les étoiles s'allument à mesure que l'ouest perd de son éclat trop voyant. Attendons que la lune se lève, attendons que le feu se meure, attendons la première étoile filante, attendons que le renard glapisse au fin fond de la forêt, attendons je ne sais quoi de surnaturel...
Mais, une dernière piqûre de moustique, une dernière tape sur la cuisse en retard: eh oui, il faut bien rentrer maintenant, c'est l'heure.
Entrer dans la nuit est un moment d'extase que chacun veut prolonger. Une à une les étoiles s'allument à mesure que l'ouest perd de son éclat trop voyant. Attendons que la lune se lève, attendons que le feu se meure, attendons la première étoile filante, attendons que le renard glapisse au fin fond de la forêt, attendons je ne sais quoi de surnaturel...
Mais, une dernière piqûre de moustique, une dernière tape sur la cuisse en retard: eh oui, il faut bien rentrer maintenant, c'est l'heure.
Août.
15 Août 2024
Les bourdons jouent leur petite sonate au clair de jour. Leur piano ? Une touffe de lavande en fleurs. Ils se posent sur une tige, se gavent de parfum mauve puis vont sur une autre. A chaque envol, leur poids débonnaire fait rebondir, tanguer, vibrer la tige et leurs ailes dispersent des bouffées de Provence. C'est la musique presque silencieuse de la vie d'été.
Ne partez pas, hirondelles, pas déjà ! Vous n'avez pas fini votre travail : je vois encore un moustique sur la margelle du puits et le ciel est toujours très grand, très bleu, très lisse. Lorsque le plafond sera bas et que le jour raccourcira au point d'être rattrapé par la nuit, je comprendrai, mais là, vous ne nous avez pas encore tout dit de vos virevoltes. Quand vous serez parties, je fermerai les portes de la grange où vous êtes revenues au printemps, où vous avez niché puis élevé vos petits. Mais pour ma part, je ne suis pas pressé...
Gorgées de sucre et confites par les ardeurs du soleil, les mirabelles se parent d'or marbré de rose. Les frelons, ces grands amateurs de puissants arômes, se gavent de pulpe charnue. Repus, ils ont du mal à s'envoler, tombent au sol et marchent de travers, complètement saouls Toi qui viens sagement avec ton petit panier faire ton marché à ton tour, ne viens pas pieds nus !
Tourne petit manège autour du réverbère ! Planté au carrefour de deux chemins menant l'un vers un étang, l'autre vers la forêt, il éclaire faiblement le silence de la nuit Dans la lumière jaune, la pipistrelle est en chasse. La saison est encore généreuse et l'hiver encore loin. Les grillons se taisent ce soir : ils admirent sans doute les prouesses de l'artiste.
Ne partez pas, hirondelles, pas déjà ! Vous n'avez pas fini votre travail : je vois encore un moustique sur la margelle du puits et le ciel est toujours très grand, très bleu, très lisse. Lorsque le plafond sera bas et que le jour raccourcira au point d'être rattrapé par la nuit, je comprendrai, mais là, vous ne nous avez pas encore tout dit de vos virevoltes. Quand vous serez parties, je fermerai les portes de la grange où vous êtes revenues au printemps, où vous avez niché puis élevé vos petits. Mais pour ma part, je ne suis pas pressé...
Gorgées de sucre et confites par les ardeurs du soleil, les mirabelles se parent d'or marbré de rose. Les frelons, ces grands amateurs de puissants arômes, se gavent de pulpe charnue. Repus, ils ont du mal à s'envoler, tombent au sol et marchent de travers, complètement saouls Toi qui viens sagement avec ton petit panier faire ton marché à ton tour, ne viens pas pieds nus !
Tourne petit manège autour du réverbère ! Planté au carrefour de deux chemins menant l'un vers un étang, l'autre vers la forêt, il éclaire faiblement le silence de la nuit Dans la lumière jaune, la pipistrelle est en chasse. La saison est encore généreuse et l'hiver encore loin. Les grillons se taisent ce soir : ils admirent sans doute les prouesses de l'artiste.
La grâce. (Printemps des poètes 2024)
05 Mars 2024
Tout évoquait dans sa démarche un être rare.
L'harmonie parfaite du balancement de ses bras, l'ondulation fluide de son dos, la noble réponse de ses hanches, et, pour finir, son pied qui épousait le sol sans le heurter.
Un respect profond de la terre et du corps.
Le pied, si souvent gourd et malhabile devenait chez elle musique et respiration.
Comme toute vie, tout son mouvement semblait venir de son ventre.
Et son corps tout entier n'était que lumière et jaillissement.
Il montrait le chemin.
L'harmonie parfaite du balancement de ses bras, l'ondulation fluide de son dos, la noble réponse de ses hanches, et, pour finir, son pied qui épousait le sol sans le heurter.
Un respect profond de la terre et du corps.
Le pied, si souvent gourd et malhabile devenait chez elle musique et respiration.
Comme toute vie, tout son mouvement semblait venir de son ventre.
Et son corps tout entier n'était que lumière et jaillissement.
Il montrait le chemin.
Lexique (extraits)
11 Fév. 2024
A
A BIENTÔT:
Comment, le livre à peine ouvert qu'il est déjà question de le refermer? Serais-je déjà sur le départ sitôt la lecture commencée? Mais "à bientôt" est aussi une marque de confiance dans l'espoir d'un retour rapide, une sorte de réconfort. J'ai hâte de vous revoir: il n'y a pas de rupture, simplement un court instant d'absence, la mort ne viendra pas casser le fil ou, tout au moins, je fais comme si c'était impossible.
ABRI:
- La pluie commence à tomber. Vite, rentrons nous mettre à l'abri pour continuer la lecture de ce roman-fleuve.
- Il est très difficile de se mettre à l'abri des difficultés.
C
CERF-VOLANT:
J'aimerais être un cerf-volant. Mais ni un cerf, ni un volant.
COMME:
La neige a tout recouvert. Elle tapisse le paysage et le dissimule: elle éteint les couleurs, étouffe les sons. Curieusement tout devient alors comme obscur, mais à l'envers.
E
ECRIRE:
Voici en vrac quelques états d'esprit qui président lorsqu'on se met à écrire:
écrire comme un lac endormi sous une lune claire, écrire comme une houle qui se brise, écrire comme une brise légère sur un champ de blés murs au soleil, écrire comme une goutte d'eau qui rêve de mer ou de nuages, écrire comme une foule ou une fourmi qui cherchent leur chemin... La liste est infinie, les bibliothèques sont pleines à craquer. Il y aura toujours quelque chose à écrire, même quand tout aura été dit.
ÉRUDIT:
L'érudit ne peut s'empêcher de montrer qu'il l'est, au risque de paraître quelqu'un qui n'existe que par la pensée d'autrui.
L'ignorant fait étalage de son ignorance. Lui aussi sonne creux.
G
GRENIER:
Lieu de poussière et de mémoire. Les souvenirs s'entassent avant de savoir qu'ils seront la mémoire de la famille Certains objets, plus chargés de sens, verront leur vie se prolonger au fil des générations. Les autres, plus dérisoires, finiront au cimetière des choses sans valeur. Le moment du tri est grave et souvent retardé. Et la poussière, arbitre neutre, se dépose inexorablement tandis que les araignées jettent minutieusement un voile pudique sur cet abandon à durée incertaine.
M
MARGE:
C'est ce petit espace qu'on laisse au bord de la page. On ne sait jamais, peut-être y glisser un mot, un correctif, une idée subitement surgie lors de la relecture pour y revenir plus tard. Sorte de pense-bête dirait on.
Chez le commerçant, quand elle est trop large, il faut le regarder droit dans les yeux, renoncer à son achat et tourner les talons sans dire au revoir.
Chez le scientifique, on s'applique à ce qu'elle soit la plus petite au contraire lorsqu'il s'agit d'erreur. Et pourtant, elle est indispensable au chercheur pour continuer de chercher.
P
PRESQUE:
J'aime la magie de ce mot qui opère une légère inflexion, ajoute un bémol. Il laisse la porte ouverte l'imagination: il fait beau, qui est catégorique, péremptoire devient il fait presque beau. Le vent est-il trop fort? Y a-t-il beaucoup de nuages malgré le soleil? Mais il peut devenir blessant: je t'aime... ,enfin, presque.
J'aime la magie de ce mot qui opère une légère inflexion, ajoute un bémol. Il laisse la porte ouverte l'imagination: il fait beau, qui est catégorique, péremptoire devient il fait presque beau. Le vent est-il trop fort? Y a-t-il beaucoup de nuages malgré le soleil? Mais il peut devenir blessant: je t'aime... ,enfin, presque.
S
SECRET:
Ses lèvres se sont tues à jamais. Tout ce qu'elles auraient pu dire n'adviendra pas. C'est ça le vrai secret. Comme une source tarie. La terre retient l'eau quelque part dans son ventre. Ça doit être pour ça qu'on enterre les morts: au plus près de leurs secrets.
SOURIRE:
Le plus beau est sans doute celui de l'enfant qui dort et qui voit sur l'écran de ses paupières closes des images que seuls les enfants peuvent voir. Plus tard, adulte, quand apparemment tout s'est effacé, parfois, une réminiscence affleure. C'est le moment rêvé pour écrire un poème.
V
Enfant, j'ai vu un souffleur de verre former une carafe. Ça semblait presque aussi facile que de faire une bulle avec mon chewing-gum,
mais c'est plus durable.
De l'amour
17 Nov. 2023
L'amour est un moyen de transport.
***
L'amour est une entrée en matière.
***
L'amour est tout, et réciproquement.
***
S'aimer sème.
***
L'amour est une entrée en matière.
***
L'amour est tout, et réciproquement.
***
S'aimer sème.
Sourire
04 Août 2023
Le plus beau est sans conteste celui de l'enfant qui dort et qui voit, sur l'écran de ses paupières closes des images que seuls les enfants peuvent voir.
Plus tard, adulte, quand apparemment tout s'est effacé, une réminiscence parfois affleure.
C'est le moment rêvé pour écrire un poème.
Plus tard, adulte, quand apparemment tout s'est effacé, une réminiscence parfois affleure.
C'est le moment rêvé pour écrire un poème.
Presque.
30 Jui. 2023
J'aime la magie de ce mot qui opère une légère inflexion sur une affirmation un peu trop catégorique, à l'emporte-pièce, voire définitive. On cherche la précision, la plus exacte représentation de ce que l'on veut dire. Cette rose est presque fanée, alors profitons encore de ce qui lui reste de beauté. Mais associé à "enfin", il signifie alors un retournement de pensée, un ajustement, un désabusement: il fait beau... enfin presque; si ce n'est un cinglant désaveu: je t'aime... enfin presque.