L'Argentalet
C'est un petit ruisseau qui court dans le sous-bois
A l'abri du regard des passants ordinaires
Qui préfèrent les fleuves, les grandes rivières.
Ici, dans la pénombre, le silence est roi.
Il se peut qu'en hiver, lorsque le vent du nord
Fait craquer le grand chêne et tordre le foyard
La neige y vole tant qu'on dirait du brouillard,
Et la glace le prend, et le fige et le mord.
Au printemps quand enfin on entend le coucou
Ses rives par endroits se couvrent de jonquilles
De primevères blanches et de tapis de scilles.
Qu'il y fait bon, ma mie, courir le guilledou!
A l'été il s'endort et l'eau s'y fait plus rare.
Lorsqu'un orage éclate au versant du coteau
La furie le reprend et il fait le costaud;
Mais c'est juste pour rire, et redevient avare.
Las les jours diminuent, les feuilles abandonnent
Leur perchoir tout là-haut et viennent se poser
Sur ses rives humides gorgées de rosée.
Ça sent le champignon, et ça sent bon l'automne.
Ainsi l'Argentalet, au cours si capricieux,
Voit lui aussi passer les saisons de la vie.
Incognito parfait, mon dieu, que je l'envie,
Changeant au gré du temps et souriant aux cieux!
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 24 Fév. 16 |
le 26/02/2016
Je connais maintenant la petite musique de François et je sais la reconnaître sous toutes les formes qu'elle prend. J'en aime la gravité légère et l'orgueilleuse humilité et je me plais à l'imaginer cheminer parmi les vieux chênes du Morvan.
le 26/02/2016
Et moi, je reconnais ta plume savoureuse qui sait jongler avec les oxymores...
Bonne soirée, Henri.