Disparue. Version imprimable

Jour 1
     Silhouette imposante en bordure d'une vaste pâture, un puissant chêne, libre et dans la force de l'âge, s'épanouit à la lumière et offre une ombre généreuse au troupeau qui vient s'y reposer les jours de grande chaleur.

Jour 2
     Orage. Dans le fracas du tonnerre, la foudre et le vent prennent le chêne pour cible et lui arrachent une branche maîtresse. La déchirure est profonde, la plaie, irréparable. Ainsi amputé, il dresse encore son tronc blessé et implore le ciel.

Jour 3
     Tronçonneuse. La chaîne affûtée mord le géant à la souche. Un dernier craquement et, vaincu, il vacille et tombe.

Jour 4
     Comme un hommage, le troupeau vient se recueillir à l'endroit où, à jamais disparue, l'ombre du chêne ne le protégera plus. 
 

Je suis l'océan. Version imprimable

Je suis l'océan.
Je suis immense.
Je suis d'eau et de sel.
Le vent est mon ami: il joue avec moi et je lui réponds avec la houle et la vague. Mes couleurs préférées sont le bleu et le vert, mais je me grise sous la tempête et la crête de mes vagues se pare de blanc. Pourtant, au fond de moi, je reste calme et silencieux. J'abrite la vie qui grouille en moi, de l'infime plancton à la monstrueuse baleine, de la frêle méduse au coquillage le plus impénétrable. Tout le monde a besoin de tout le monde pour se nourrir.
Je porte vos bateaux. J'aimais bien ceux d'autrefois, qui filaient au vent: ils avaient quelque chose de naturel. Nous n'étions pas encore ennemis même si mes déchaînements de violence les faisaient souvent sombrer. Je n'ai jamais cherché à vous faire mal alors que ceux d'aujourd'hui, eux, me font mal, me souillent de boues noires ou rouges, raclent mes fonds vivants. Et pourtant, sur mes rives, je vous vois vous amuser sur vos fragiles planches à faire des pirouettes, jouer avec mes ressacs.
Mais en réalité, je vous ignore. Je vis ma vie d'océan, attiré et repoussé par la lune. Je ne dors jamais. Des courants me traversent transportant ici ou là le chaud, le froid, le sel. Toujours renouvelé, inépuisable, même si dans ma si longue vie je n'ai pas toujours été à la même place. Et lorsque le vent me pousse trop fort, vos digues, vos jetées, vos remparts semblent si fragiles à mes yeux et si robustes aux vôtres.
Vous croyez avoir des armes contre moi.
Je n'en ai pas contre vous.
Je n'ai que moi.

L'appel Version imprimable

Un carillon, une volée de cloches.
L'appel.
Souvenirs comme drapeaux de prière
et le peuple des âmes qui flottent dans le vent.
Sur les pierres gravées d'or et de temps qui passe,
un lézard, une fourmi.
Un clin d'oeil.

Parfums Version imprimable

Guerlain, Dior, Lancôme, Chanel
et tant d'autres...
marques déposées
en vitrine

Un tapis de violettes
un brin de muguet
petites fleurs déposées
à nos pieds...

Volcan Version imprimable

Le sommeil. Le souterrain. L'invisible. L'obscur.
Puis le bruit.
Les soubresauts. Les fumerolles qui deviennent fumées.
On regarde, on scrute, on fouille, on pré-sent
L'oppressant.
Le danger.
Quand?
L'incertitude. La peur.
Et soudain la force, la brutalité, l'inévitable.
Notre faiblesse, notre fragilité.
Mais aussi notre force, la foi en l'avenir.
La résilience.
Rebâtir. Revivre.
Les cycles de la vie...
La poésie!

Poésie volcanique Version imprimable

La poésie est un volcan
Les mots prennent leur envol quand
La pression est trop forte
Il faut bien que ça sorte

Ils s'arrachent, mais bout à bout 
Ne connaissent plus de tabou
Ainsi naît un poème
Porté comme un totem.

Poussées de rage ou d'émotions
Il n'a pas d'autre prétention
Qu'offrir la résilience
Apaiser la violence.

Comptines Version imprimable

Le nuage a fait pluie-pluie
Il a gonflé la rivière
L'eau s'en est allée, tant pis!
El' s'en va mouiller la mer.


*


Tourne, tourne petit moulin
Crisse et grince écrase le grain
Chaude et blanche et fine farine
Cric et crac et croque le pain.


*


Tournicoton colimaçon
L'escalier qui tourne en rond
Si tu montes au grenier
Prends garde aux araignées.


*


La baleine  nage dans l'eau
Avec son petit baleineau
Rien à craindre du crocodile
Car il ne mange pas de krill.
 

Va! Version imprimable

Va!
Je n'ai pas pu te dire
Tu es partie avant.
Mes mots restent sans voix
Suspendus, inutiles.
Tu es partie souffrante
 De te voir aussi vieille
En ayant mal au corps
Et mal au temps qui passe.
Pauvre carnet d'adresses
Tant de noms effacés!
Va, rejoins ton mari:
Il t'a tant attendu .
La porte des secrets
Se referme à jamais.
Tu peux partir en paix.