Les bourdons jouent leur petite sonate au clair de jour. Leur piano ? Une touffe de lavande en fleurs. Ils se posent sur une tige, se gavent de parfum mauve puis vont sur une autre. A chaque envol, leur poids débonnaire fait rebondir, tanguer, vibrer la tige et leurs ailes dispersent des bouffées de Provence. C'est la musique presque silencieuse de la vie d'été.

       Ne partez pas, hirondelles, pas déjà ! Vous n'avez pas fini votre travail : je vois encore un moustique sur la margelle du puits et le ciel est toujours très grand, très bleu, très lisse. Lorsque le plafond sera bas et que le jour raccourcira au point d'être rattrapé par la nuit, je comprendrai, mais là, vous ne nous avez pas encore tout dit de vos virevoltes. Quand vous serez parties, je fermerai les portes de la grange où vous êtes revenues au printemps, où vous avez niché puis élevé vos petits. Mais pour ma part, je ne suis pas pressé...

       Gorgées de sucre et confites par les ardeurs du soleil, les mirabelles se parent d'or marbré de rose. Les frelons, ces grands amateurs de puissants arômes, se gavent de pulpe charnue. Repus, ils ont du mal à s'envoler, tombent au sol et marchent de travers, complètement saouls Toi qui viens sagement avec ton petit panier faire ton marché à ton tour, ne viens pas pieds nus !

      Tourne petit manège autour du réverbère ! Planté au carrefour de deux chemins menant l'un vers un étang, l'autre vers la forêt, il éclaire faiblement le silence de la nuit Dans la lumière jaune, la pipistrelle est en chasse. La saison est encore généreuse et l'hiver encore loin. Les grillons se taisent ce soir : ils admirent sans doute les prouesses de l'artiste.