J’aime le mot “liseuse”. Il a quelque chose d’ancien, de doux. On dirait de la soie qui glisse, une lumière tamisée un peu rose, le reste d’un parfum une fois le flacon vidé et laissé à l’abandon dans un coin du grenier.
Quand ma grand-mère lisait dans son voltaire ou dans son lit, elle couvrait ses épaules de cette sorte de châle court qu’elle appelait ainsi. C’était bien sûr à l’époque où le livre était un objet pesant du poids du papier et de sa couverture cartonnée. Après la lecture du soir, elle le refermait soigneusement non sans avoir mis en marque-page une carte postale que des amis en voyage avaient eu la bonne idée de lui envoyer et le posait sur un guéridon ou sa table de chevet. Puis, une fois le livre terminé, elle le rangeait précieusement à côté de ses semblables, dans un meuble ciré aux portes vitrées.
De nos jours, c’est un truc plat et sans âme et qui, à défaut de papier, consomme de l’électricité. Bref, passons.
Donc l’objet que, cher lecteur, vous tenez entre vos mains est indiscutablement d’un autre âge. De plus, ce n’est ni le dernier Goncourt, ni Renaudot, Fémina ou autre Médicis: je n’ai pas cette prétention. Ce n’est pas non plus un prix de la France profonde, ni du roman d’aventure, encore moins policier. Non rien: il n’a obtenu aucun prix.
L’éditeur dit, comme le libraire: c’est douze, ou quinze euros (en écrivant ces lignes, je n’en sais encore rien).
Mais le plus juste, le plus simple, le plus honnête serait plutôt de dire qu’au fond, un livre, ça n’a pas de prix, surtout si il sort de mes tripes et si il vous plait énormément.