Le café du musée: voilà un drôle d'endroit pour rêvasser! Pourtant, c'est bien là, au milieu des livres, cartes postales et autres objets de la boutique du musée que j'ai choisi de passer un moment avant de ressortir. Dehors, le temps menace. 
     Quelques tables vides encore encombrées des menus reliefs laissés par les précédents consommateurs, une banquette aux coussins malmenés, et au dessus de ce petit désordre non dénué de charme, une large baie vitrée qui donne à gauche sur une lourde bâtisse au crépi jaune et aux volets verts. Un peu plus loin, le toit en ardoise d'une maison basse en pierres du pays à la solide cheminée de briques rouges surmontée d'un chapeau plat. A droite, et complétant le panorama, de grands arbres au port légèrement retombant agités par des bourrasques. Des bouleaux sans doute. Deux d'entre eux encadrent un frêne, plus petit, qui laisse paraître une frange de ciel. Le ciel est chargé aujourd'hui. Un imposant nuage bourgeonnant où culminent des Everest d'une blancheur éclatante. Au sommet de l'un d'eux se développe une sorte de boursouflure qui fait penser à un improbable champignon.
     Au moment où j'écris ces lignes, une buse plane devant ces blancheurs mouvantes. Se prendrait-elle pour le chef d'orchestre de cette symphonie orageuse?
     De larges gouttes claquent sur les vitres. Un filet d'air, venu d'une porte mal fermée sans doute, apporte de suaves effluves de terre mouillée. Une douce torpeur m'envahit.