On marche pendant des heures, souffle court, et cœur battant. Le mollet durcit, la sueur coule sur les reins. Le soleil tape dur et le vent aigre empêche de s'arrêter trop longtemps. Le col est en vue bien avant que d'y être, et, lorsqu'on y est, la joie est immense. Un biscuit, trois fruits secs, un carré de chocolat, quelques gorgées d'eau restée glacée dans le sac et la vue à s'y perdre.
     D'autres, plus jeunes, plus endurants ou aguerris, plus ambitieux aussi, poursuivent vers les pentes abruptes, les crêtes, les cimes et les névés : la vie est ainsi faite.
     Lorsque la nuit arrive et noircit les ravins, qu'un vent lugubre fait hurler les pierres et courber la tête des sapins, les bêtes se terrent dans leurs cachettes et les hommes se blottissent dans leurs chalets.
     Imperturbables, la cascade déverse son vacarme dans le vide, et la goulotte glougloute au dessus de l'abreuvoir.