Des barbelés sur cinq rangs; pauvres barbelés un peu rouillés. Des piquets en acacia, certes encore vaillants, mais rongés eux aussi par les rigueurs du temps. De loin en loin, une petite touffe de poils blancs: l'herbe est toujours meilleure de l'autre côté.
Au milieu de ce grand pré qui descend vers un ruisseau, un grand chêne: abri lorsqu'il pleut trop fort ou quand le soleil d'août cogne sans pitié sur la campagne abrutie de chaleur.
Mais aujourd'hui, nul troupeau, nul soleil: juste un fin brouillard. Pas un bruit, comme on le dit souvent un peu vite. L'eau du ruisseau, le craquement d'une branche, la course de quelques feuilles sur le chemin, mes souliers à chaque pas mouillé.
Je marche sur ce chemin de terre comme mille autres chemins de terre, au milieu des prés, le long d'un filet d'eau, dans le grand espace de cette humble campagne.
Puissante odeur d'humus, de champignons, d'herbe humide.
Je marche sans but; sans autre but que de marcher sur la terre, debout dans le vent fragile de ce matin d'automne.