J'en vois, et je n'ai pas les yeux dans ma poche, qui traînent des pieds, font la sourde oreille et font les choses à leur corps défendant, à contre-cœur. D'autres prennent leurs jambes à leur cou et fuient la difficulté ventre à terre. Comment font-ils d'ailleurs pour ne pas se casser la margoulette ? D'autres encore tournent simplement les talons en bougonnant dans leur barbe en haussant les épaules. C'est vrai que dans certaines situations, il faut prendre les choses à bras le corps, avoir le cœur bien accroché, jouer des coudes, se prendre par la main, faire le dos rond, serrer les dents et ne pas se dire « les bras m'en tombent, j'aimerais tant avoir un petit coup de pouce du destin » Alors, je mets les pieds dans le plat et je tape du poing sur la table. Car en fait, jamais le ciel ne nous tombera sur la tête et, même si j'ai le dos large, jamais on ne me fera mettre les genoux à terre. En revanche, je sais défendre pied à pied mes convictions, voire bec et ongles sans pour autant bomber le torse ni monter sur mes ergots ou avoir les chevilles qui gonflent ; quitte à prendre mon mal en patience, et savoir remettre à demain ce que je ne pouvait faire aujourd’hui avec une seule.