Fin de page blanche.
L'autre jour, au salon du livre, à peine installé, les premiers visiteurs sont arrivés, mais pas véritablement ceux que l'on attendait.
Tout d'abord, un chat, qui passait par là, s'est faufilé parmi les tables en miaulant de désespoir. Que cherchait-il? Qu'avait-il perdu? Qu'espérait-il? Il fit consciencieusement le tour de la salle, puis choisit sa place: c'est à dire la mienne! Mes livres disposés sur mon stand, j'avais rangé ma caisse vide à l'abri des regards, derrière la nappe qui retombait jusqu'au sol. D'un bond, le voilà roulé en boule, à ronronner, comme chez lui.
Un peu après, une couleuvre passa la tête dans l'entrebâillement de la porte puis s'aventura dans ce haut lieu de la culture. Se rendant vite compte de sa méprise, elle fit demi-tour et s'enfuit en sifflant son dépit.
Je sortis mon bloc-notes afin de mémoriser ces petits évènements, mais les mots ne venaient pas. J'avais beau invoquer tour à tour Colette et Hervé Bazin, rien n'y faisait. L'encre de mon stylo s'obstinait à sécher avant même d'avoir coulé, et la page restait désespérément vierge.
Visiblement las d'attendre, le chat sortit de son profond sommeil, s'étira, sauta sur mes genoux et vint poser sa tête sur le cahier. Il se laissa caresser un long moment puis, jugeant sans doute l'instant propice, bondit au sol sans crier gare pour regagner l'entrée (ou la sortie: c'est comme on veut). Au moment de franchir le seuil, il se retourna, plongea son beau regard vert dans le mien, miaula un timide au revoir, à moins que ce ne fut un merci et disparut.
Des gens allaient et venaient, entraient et sortaient sans rien dire.
J'allais replonger dans ma léthargie lorsque survint un troisième visiteur en la personne d'une mouche. D'abord inspectant avec soin toutes les fenêtres de la salle à la recherche d'un trésor ou d'un temps perdu, que sais-je, par vols concentriques successifs, elle parvint jusqu'à moi pour me tenir compagnie j'imagine. Un peu sur mes piles de livres, un peu sur mon bras, pour finalement découvrir ma feuille bien blanche.
Manifestement, cette vaste étendue lisse et immaculée l'intriguait. Après un méticuleux brossage/tricotage de pattes, on ne saura jamais, elle se mit à arpenter la page blanche de long en large. À ma grande stupeur, j'avais l'impression qu'elle écrivait quelque chose. ("Pattes de mouche" me disait-on lorsqu'enfant je faisais mes débuts en écriture).
Arrivée au bas de la feuille, elle posa un petit point noir et s'envola.
Fin de page blanche! m'exclamai-je intérieurement en éclatant de rire. Quelques badauds se retournèrent pour me dévisager, incrédules, avant de poursuivre leurs molles déambulations.
Tout d'abord, un chat, qui passait par là, s'est faufilé parmi les tables en miaulant de désespoir. Que cherchait-il? Qu'avait-il perdu? Qu'espérait-il? Il fit consciencieusement le tour de la salle, puis choisit sa place: c'est à dire la mienne! Mes livres disposés sur mon stand, j'avais rangé ma caisse vide à l'abri des regards, derrière la nappe qui retombait jusqu'au sol. D'un bond, le voilà roulé en boule, à ronronner, comme chez lui.
Un peu après, une couleuvre passa la tête dans l'entrebâillement de la porte puis s'aventura dans ce haut lieu de la culture. Se rendant vite compte de sa méprise, elle fit demi-tour et s'enfuit en sifflant son dépit.
Je sortis mon bloc-notes afin de mémoriser ces petits évènements, mais les mots ne venaient pas. J'avais beau invoquer tour à tour Colette et Hervé Bazin, rien n'y faisait. L'encre de mon stylo s'obstinait à sécher avant même d'avoir coulé, et la page restait désespérément vierge.
Visiblement las d'attendre, le chat sortit de son profond sommeil, s'étira, sauta sur mes genoux et vint poser sa tête sur le cahier. Il se laissa caresser un long moment puis, jugeant sans doute l'instant propice, bondit au sol sans crier gare pour regagner l'entrée (ou la sortie: c'est comme on veut). Au moment de franchir le seuil, il se retourna, plongea son beau regard vert dans le mien, miaula un timide au revoir, à moins que ce ne fut un merci et disparut.
Des gens allaient et venaient, entraient et sortaient sans rien dire.
J'allais replonger dans ma léthargie lorsque survint un troisième visiteur en la personne d'une mouche. D'abord inspectant avec soin toutes les fenêtres de la salle à la recherche d'un trésor ou d'un temps perdu, que sais-je, par vols concentriques successifs, elle parvint jusqu'à moi pour me tenir compagnie j'imagine. Un peu sur mes piles de livres, un peu sur mon bras, pour finalement découvrir ma feuille bien blanche.
Manifestement, cette vaste étendue lisse et immaculée l'intriguait. Après un méticuleux brossage/tricotage de pattes, on ne saura jamais, elle se mit à arpenter la page blanche de long en large. À ma grande stupeur, j'avais l'impression qu'elle écrivait quelque chose. ("Pattes de mouche" me disait-on lorsqu'enfant je faisais mes débuts en écriture).
Arrivée au bas de la feuille, elle posa un petit point noir et s'envola.
Fin de page blanche! m'exclamai-je intérieurement en éclatant de rire. Quelques badauds se retournèrent pour me dévisager, incrédules, avant de poursuivre leurs molles déambulations.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 09 Sep. 18 |