Depuis ce matin, le vent souffle. Il s'est même levé avant tout le monde, cette nuit. Dans la cour, le portail a claqué, le forsythia se débat comme un beau diable et le peuplier, en face, fait sa prière. Les oiseaux, apeurés, ne sortent pas. Sauf de temps en temps un corbeau qui lutte un moment, puis renonce.
Où sont les moineaux, les mésanges? Emportés comme feuilles mortes?
Le jour décline enfin. Et ça siffle encore de toutes parts. Et les nuages passent encore en courant en rasant la colline et disparaissent en lourdes volutes grises. On n'imagine pas combien les poumons de la terre peuvent contenir d'air!
 Et heureusement, tout a une fin. Lassé sans doute de tant d'efforts, le vent renonce lui aussi, comme le corbeau tout à l'heure. On dit que le vent se lève mais pas qu'il se couche. Après avoir tant couru, on dit simplement qu'il tombe. Mais comme le soir, sans bruit.