Le gardien.
Je suis gardien. J'ai toujours été gardien. J'ai ça dans le sang, dans l'âme. Maintenant, je suis gardien de musée. Avant, j'étais dans un phare, mais de toute cette période marine, jamais je n'ai vu quelqu'un vouloir voler mon phare. Consciencieusement, tous les soirs pourtant, j'allumais la lanterne, je scrutais l'horizon, même aux nuits de grandes tempêtes. Non, jamais personne. Alors un jour, je me suis lassé et je me suis dit que gardien de musée, ce serait mieux, plus utile.
Et en effet. J'ai vu des baisers volés devant une statue de Vénus. Là, je n'ai rien dit. J'ai aussi vu un papillon voler et se poser sur un tableau d'Arcimboldo. Là non plus, je n'ai rien dit. Je n'aime pas faire du mal. Mais le moment que je préfère, c'est quand le public est parti : on entendrait une mouche voler. Je retiens mon souffle, je tourne autour des statues, je me faufile entre les vitrines où de fabuleux bijoux scintillent dans la pénombre, je voyage dans le temps sans un bruit. Au milieu de ce beau silence, le grand large est là, bien plus grand, bien plus large que dans mon phare. Là-bas, la nuit, j'admirais les étoiles, mais elles étaient si loin... Alors que maintenant, elles sont à portée de main. D'ailleurs un jour, j'ai voulu en prendre une, mais j'ai déclenché une alarme. On m'a accusé. J'ai failli faire de la prison. Je n'aimerais pas être gardien de prison.
Vous voyez, ma vie est simple. Et quand je mourrai, je deviendrai sans doute gardien des âmes.
Et en effet. J'ai vu des baisers volés devant une statue de Vénus. Là, je n'ai rien dit. J'ai aussi vu un papillon voler et se poser sur un tableau d'Arcimboldo. Là non plus, je n'ai rien dit. Je n'aime pas faire du mal. Mais le moment que je préfère, c'est quand le public est parti : on entendrait une mouche voler. Je retiens mon souffle, je tourne autour des statues, je me faufile entre les vitrines où de fabuleux bijoux scintillent dans la pénombre, je voyage dans le temps sans un bruit. Au milieu de ce beau silence, le grand large est là, bien plus grand, bien plus large que dans mon phare. Là-bas, la nuit, j'admirais les étoiles, mais elles étaient si loin... Alors que maintenant, elles sont à portée de main. D'ailleurs un jour, j'ai voulu en prendre une, mais j'ai déclenché une alarme. On m'a accusé. J'ai failli faire de la prison. Je n'aimerais pas être gardien de prison.
Vous voyez, ma vie est simple. Et quand je mourrai, je deviendrai sans doute gardien des âmes.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 12 Mars 18 |