Le miroir (deuxième partie).
C'était le seul objet dans cette vaste pièce, mais quel objet! C'était en fait un face-à-main en argent ciselé sur les bords duquel étaient incrustées deux belles pierres. Les éclats de lumière qu'elles lançaient par instants étaient d'un vert étincelant qui me firent penser à des émeraudes finement taillées. Comment était-ce possible que tout le reste du mobilier ait été soit déménagé, ou rangé dans une autre partie de la maison, soit pillé, que sais-je? Constellé de fines poussières, il semblait figé dans une éternité éteinte. Témoin immobile, qu'avait-il vu durant tout ce temps où il est resté accroché à ce corbeau de cheminée, ignoré du monde, oeil vide et inutile? Muet, absent, il avait bien sûr vu passer saisons, hirondelles, mouches, araignées, petites souris en quête de nourriture ou d'abri. Mais aussi d'autres promeneurs inattentifs ou randonneurs, sous la menace d'un futur orage, hâtés de retrouver le camping qui se trouvait à l'autre bout de la forêt.
Je saisis délicatement le face-à-main par son manche et entrepris de le nettoyer avec mon mouchoir. Le tain n'avait pas souffert de l'outrage des ans. L'éclat était parfait dans son serti d'argent et les pierres semblaient reprendre vie. Mais une question commençait à tarauder mon esprit: qui l'avait tenu pour la dernière fois? Au raffinement de l'objet, j'étais enclin à penser qu'il ne pouvait s'agir que d'une femme élégante. Mais alors, quel contraste avec le décor que j'avais autour de moi! Masure au fond des bois, cette bâtisse était un vrai mystère et je me sentais quelque peu envoûté. Des pensées confuses m'assaillaient, ma main se crispait sur le manche et se mettait à trembler. J'avais froid. Peu à peu, je sentais comme une présence habiter ce lieu. Mais, plutôt que de renforcer mon trouble, cette présence me faisait du bien. Ma main cessa de trembler alors que mes yeux fascinés ne se détachaient pas encore du miroir.
C'est alors que je sentis une main douce se poser sur mon épaule.
Je saisis délicatement le face-à-main par son manche et entrepris de le nettoyer avec mon mouchoir. Le tain n'avait pas souffert de l'outrage des ans. L'éclat était parfait dans son serti d'argent et les pierres semblaient reprendre vie. Mais une question commençait à tarauder mon esprit: qui l'avait tenu pour la dernière fois? Au raffinement de l'objet, j'étais enclin à penser qu'il ne pouvait s'agir que d'une femme élégante. Mais alors, quel contraste avec le décor que j'avais autour de moi! Masure au fond des bois, cette bâtisse était un vrai mystère et je me sentais quelque peu envoûté. Des pensées confuses m'assaillaient, ma main se crispait sur le manche et se mettait à trembler. J'avais froid. Peu à peu, je sentais comme une présence habiter ce lieu. Mais, plutôt que de renforcer mon trouble, cette présence me faisait du bien. Ma main cessa de trembler alors que mes yeux fascinés ne se détachaient pas encore du miroir.
C'est alors que je sentis une main douce se poser sur mon épaule.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 28 Avr. 17 |