Un jour que je me promenais en forêt, au détour du chemin, je vis une vieille maison abandonnée au milieu d'une clairière. Intrigué, je m'en approchai. 
La glycine ayant renoncé à envahir une pergola courait au sol et ses fleurs d'un magnifique mauve dressaient un étrange tapis où vrombissaient mille bourdons. Une vigne vierge s'aventurait sur le toit d'ardoise. Les fenêtres aux carreaux brisés laissaient des hirondelles aller et venir à leur gré. Les volets, sans doute autrefois vaillants comme des remparts inviolables aux maraudeurs, mais maintenant à moitié dégondés, semblaient attendre leur chute prochaine. La porte en chêne, burinée par les assauts répétés du vent, du froid et de la grêle, avait dû être superbe au temps de sa gloire ancienne, avec ses belles moulures, ses clous et ferrures forgés. Seule de son fier passé en restait la robustesse.
Après quelque effort je réussis à la pousser.. L'intérieur au sol dallé, aux murs crépits, au plafond à la française, était vide de tout mobilier. De l'âtre me parvenait l'odeur discrète des vieilles suies, les corbeaux de bois et le linteau, noircis de fumée, supportaient une imposante hotte en pierre. À l'un d'eux, encore accroché à un clou rouillé, pendait au bout d'une ficelle un miroir. (à suivre)