Le pêcheur de lune.
Il y a des jours comme ça où des flèches traversent l'esprit et ouvrent des brèches.
Il faisait encore beau hier après midi. Je passais dans la rue devant une terrasse de café. Je m'arrêtai un instant pour observer et m'imprégner de la scène.
Il faisait chaud pour un dernier jour d'août et la terrasse était pleine. Au milieu de ce petit brouhaha, un rire parfois prenait son envol au dessus des conversations mélangées. Des gens se levaient tandis que d'autres, qui attendaient la place pour s'asseoir se ruaient sur les chaises laissées vides. Le garçon surgissait du fond de l'établissement, débarrassait et nettoyait la table, prenait la commande, disparaissait pour revenir quelques instants plus tard, son plateau chargé, servait, encaissait et s'en allait à nouveau. On aurait dit une chorégraphie bien réglée.
Soudain, à l'instant où je m'apprêtais à partir, j'entendis une bribe de phrase prononcée un ton plus fort au dessus de la masse sonore. Quelque chose comme "... ouais mais, lui, c'est un pêcheur de lune... " Je cherchai vainement du regard qui avait pu proférer un si bon mot, mais je ne voyais que des gens affairés à déguster leur bière ou commander un autre café. Pas vraiment déçu en fait, je haussai les épaules et m'en allai.
Tout le restant de la journée, je me répétais cette phrase. Elle me faisait l'effet d'un aiguillon de la pensée: quelque chose en moi voulait advenir, mais je n'arrivais pas à en cerner le contour. Avais-je bien entendu? Ou seulement cru entendre? Parlait-on de la ville de Lunel? Ou encore j'imaginais un pêcheur un peu fou, la nuit, sur un lac, lançant désespérément un hameçon en direction de la lune dans l'espoir de la capturer et de la ramener dans son épuisette? Mais je le voyais tout aussi bien et au contraire viser le reflet immobile, croyant que les poissons y seraient plus nombreux, attirés par cette lumière tranquille. Et à chaque fois, je balayais ces hypothèses farfelues.
Je finis par aller me coucher. Le calme revenant dans ma tête, je me rendis à l'évidence: quelqu'un, dans la foule, parlait d'un poète.
L'esprit enfin apaisé, je m'endormis rapidement et, pour une fois, cette nuit, je n'ai pas oublié de rêver, ni rêvé d'oublier...
Il faisait encore beau hier après midi. Je passais dans la rue devant une terrasse de café. Je m'arrêtai un instant pour observer et m'imprégner de la scène.
Il faisait chaud pour un dernier jour d'août et la terrasse était pleine. Au milieu de ce petit brouhaha, un rire parfois prenait son envol au dessus des conversations mélangées. Des gens se levaient tandis que d'autres, qui attendaient la place pour s'asseoir se ruaient sur les chaises laissées vides. Le garçon surgissait du fond de l'établissement, débarrassait et nettoyait la table, prenait la commande, disparaissait pour revenir quelques instants plus tard, son plateau chargé, servait, encaissait et s'en allait à nouveau. On aurait dit une chorégraphie bien réglée.
Soudain, à l'instant où je m'apprêtais à partir, j'entendis une bribe de phrase prononcée un ton plus fort au dessus de la masse sonore. Quelque chose comme "... ouais mais, lui, c'est un pêcheur de lune... " Je cherchai vainement du regard qui avait pu proférer un si bon mot, mais je ne voyais que des gens affairés à déguster leur bière ou commander un autre café. Pas vraiment déçu en fait, je haussai les épaules et m'en allai.
Tout le restant de la journée, je me répétais cette phrase. Elle me faisait l'effet d'un aiguillon de la pensée: quelque chose en moi voulait advenir, mais je n'arrivais pas à en cerner le contour. Avais-je bien entendu? Ou seulement cru entendre? Parlait-on de la ville de Lunel? Ou encore j'imaginais un pêcheur un peu fou, la nuit, sur un lac, lançant désespérément un hameçon en direction de la lune dans l'espoir de la capturer et de la ramener dans son épuisette? Mais je le voyais tout aussi bien et au contraire viser le reflet immobile, croyant que les poissons y seraient plus nombreux, attirés par cette lumière tranquille. Et à chaque fois, je balayais ces hypothèses farfelues.
Je finis par aller me coucher. Le calme revenant dans ma tête, je me rendis à l'évidence: quelqu'un, dans la foule, parlait d'un poète.
L'esprit enfin apaisé, je m'endormis rapidement et, pour une fois, cette nuit, je n'ai pas oublié de rêver, ni rêvé d'oublier...
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 28 Août 20 |