Le voyageur. Fin.
Plus les années passaient, plus Armand se refermait sur lui-même et dans sa douleur de ne pas pouvoir jouir de sa jeunesse. Les filles? Il n'osait même pas y penser. Puis ce fut le drame. Le drame de trop. Dix ans jour pour jour après l'armistice. Hébété et ne sachant comment intervenir, il vit brûler ses parents dans l'incendie de leur grange. Alors il se mura dans un profond mutisme. Ses voisins essayèrent bien de l'aider au début, mais si on insistait trop, il devenait méchant. On le laissa donc à sa souffrance. Très vite, le domaine retourna à la friche. Il vendit les quelques bêtes qui n'avaient pas péri dans l'incendie. Il ne garda que cinq ou six poules. Il se nourrissait de champignons, d'herbes sauvages et du fruit de ses braconnages. Bref, il ne vivait de rien. La seule personne qu'il acceptait encore de voir, c'était le facteur qui lui apportait tous les mois son pécule.
Puis un jour, le facteur trouva la porte entrebâillée. S'attendant au pire, il entra et appela. Personne. C'est alors qu'il vit, posé bien en évidence sur la table, une sorte de coffre-fort ouvert et vide, avec juste une petite enveloppe sur laquelle Armand avait griffonné d'une main malhabile: merci facteur. Il l'ouvrit, y trouva quelques billets de banque en remerciement du service rendu et cet autre petit mot: j'attendais que le coffre soit plein. Maintenant, je peux enfin partir.
Puis un jour, le facteur trouva la porte entrebâillée. S'attendant au pire, il entra et appela. Personne. C'est alors qu'il vit, posé bien en évidence sur la table, une sorte de coffre-fort ouvert et vide, avec juste une petite enveloppe sur laquelle Armand avait griffonné d'une main malhabile: merci facteur. Il l'ouvrit, y trouva quelques billets de banque en remerciement du service rendu et cet autre petit mot: j'attendais que le coffre soit plein. Maintenant, je peux enfin partir.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 28 Juin 16 |