Les carpes.
Au fond de mon jardin coule un ruisseau. En pratiquant une petite dérivation, j'ai aménagé un bassin où j'ai mis deux belles carpes Koï. L'une est blanche sauf une tache rouge entre les yeux. Je l'ai appelé Japonne. L'autre, à l'inverse est toute rouge avec un point blanc vers la queue. Elle, c'est Floconne.
Quand vient l'automne et que j'entreprends le grand nettoyage de fin de saison, je fais toujours très attention à ne pas trop racler le fond car je sais qu'elles aiment se cacher sous le nénuphar sur un tapis de feuilles mortes.
Aujourd'hui, il s'est passé quelque chose d'étrange. Je venais de ranger les outils. Le soleil allait se coucher et le vent du nord poussait de gros nuages noirs vers le sud, comme il l'avait fait quelques jours auparavant avec les grues cendrées et les oies sauvages. De plus en plus nombreux, ils semblaient s'attendre vers l'horizon et ne mirent pas longtemps à envahir tout le ciel. Le soleil disparut sous cet amas de nuages. Absorbé que j'étais à observer le ciel, je ne prêtais pas attention à ce qui se passait dans le bassin.
Puis, selon mon petit rituel du soir, je cherchai des yeux les carpes avant de m'en aller. Le ciel se reflétait mal à la surface à cause du vent. Je les vis toutes les deux, immobiles, flanc à flanc. Tête au ras de l'eau, elles semblaient elles aussi observer ce qui se passait dans le ciel. Peu après, un flocon, puis deux ou trois autres se mirent à virevolter dans l'air. On aurait dit qu'ils ne voulaient pas toucher le sol ni s'abîmer dans l'eau. D'autres et d'autres encore, de plus en plus gros s'enhardirent. Les carpes semblaient fascinées par le spectacle. Puis, n'y tenant plus, Japonne jaillit hors de l'eau, goba un flocon et disparut sous le nénuphar au milieu d'une gerbe d'éclaboussures. Floconne ne bougea pas. Intrigué et un peu triste pour elle, j'attendis pour voir comment la scène se finirait. Après un long moment, d'un lent coup de queue, comme à regret, elle rejoignit Japonne. Déçue qu'il ne soit pas tombé un flocon rouge, sans doute...
Quand vient l'automne et que j'entreprends le grand nettoyage de fin de saison, je fais toujours très attention à ne pas trop racler le fond car je sais qu'elles aiment se cacher sous le nénuphar sur un tapis de feuilles mortes.
Aujourd'hui, il s'est passé quelque chose d'étrange. Je venais de ranger les outils. Le soleil allait se coucher et le vent du nord poussait de gros nuages noirs vers le sud, comme il l'avait fait quelques jours auparavant avec les grues cendrées et les oies sauvages. De plus en plus nombreux, ils semblaient s'attendre vers l'horizon et ne mirent pas longtemps à envahir tout le ciel. Le soleil disparut sous cet amas de nuages. Absorbé que j'étais à observer le ciel, je ne prêtais pas attention à ce qui se passait dans le bassin.
Puis, selon mon petit rituel du soir, je cherchai des yeux les carpes avant de m'en aller. Le ciel se reflétait mal à la surface à cause du vent. Je les vis toutes les deux, immobiles, flanc à flanc. Tête au ras de l'eau, elles semblaient elles aussi observer ce qui se passait dans le ciel. Peu après, un flocon, puis deux ou trois autres se mirent à virevolter dans l'air. On aurait dit qu'ils ne voulaient pas toucher le sol ni s'abîmer dans l'eau. D'autres et d'autres encore, de plus en plus gros s'enhardirent. Les carpes semblaient fascinées par le spectacle. Puis, n'y tenant plus, Japonne jaillit hors de l'eau, goba un flocon et disparut sous le nénuphar au milieu d'une gerbe d'éclaboussures. Floconne ne bougea pas. Intrigué et un peu triste pour elle, j'attendis pour voir comment la scène se finirait. Après un long moment, d'un lent coup de queue, comme à regret, elle rejoignit Japonne. Déçue qu'il ne soit pas tombé un flocon rouge, sans doute...
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 29 Nov. 16 |