Un grand parc, en hiver, au cœur de la ville. Personne. Il neige. Les arbres nus, figés, encore noirs, se couvrent peu à peu d'une fine pellicule blanche. Le lac est gelé. Quelques canards, sur une patte, regroupés au milieu, immobiles, semblent pétrifiés. Une statue, sans doute une copie de la Vénus d'Arles, juchée sur un imposant piédestal, à demi dévêtue, esquisse un sourire. Au mouvement du drapé de la pierre, on dirait qu'elle va lâcher sa tunique et danser.
Au fond de la grande allée déserte qui mène à la statue apparaît une femme. Ou plutôt encore, la silhouette d'une femme. Robe longue et long manteau noir, elle s'avance lentement, très lentement, comme dans un rêve. Elle goûte le silence. Arrivée à la statue, elle s'arrête, approche ses mains, les retire. Fait trois pas et s'arrête à nouveau. Elle tourne autour de la déesse, en caresse un pied, l'ourlé de la tunique. Lève son visage vers celui de la belle Aphrodite et sourit à son tour. Tout est dit, sans un mot.
Après en avoir fait le tour, sereine, elle s'en va et disparaît. La neige continue de tomber en silence. Les traces de pas s'estompent et doucement s'effacent. Comme la silhouette.