Pas photo.
Le brouillard, en nappes fluides, flottait au dessus de la rivière. Les berges humides et encore endormies sentaient l’herbe fraîche et la rosée. Au loin, au fond de la forêt qui surplombe la vallée, une hulotte lançait ses derniers cris plaintifs dans le jour à venir. L’eau, sans bruit, s’écoulait lentement.
En cette heure captive où la nuit n’a pas encore renoncé à son emprise sur le monde, la nature retient son souffle. Elle attend la délivrance du soleil, qui parfois ne vient pas. Mais en ce jour, pourtant noyé dans les brumes, on pouvait par instants distinguer, à travers de furtives déchirures dans le voile de vapeur d’eau, de timides esquisses d’un rose laiteux laissant présager que, le moment venu, il allait illuminer, embraser la campagne de toute sa force naissante.
C’est cet instant que j’avais choisi pour commencer ma journée. Appareil photo en bandoulière, j’avais laissé derrière moi la douillette tiédeur de la maison. Je voulais saisir l’insaisissable, ce monde flou et presque immatériel, ce moment de bascule, cette invisible charnière entre l’obscurité de la nuit déjà disparue et la promesse d’une délivrance à venir.
Oui, vraiment, saisir l’insaisissable.
Les frondaisons légères de cet avril finissant frémissaient au moindre souffle. L’eau de la rivière, transparente et mouvante, instable et silencieuse laissait voir son lit pierreux où s’accrochaient quelques herbiers qui ondulaient lentement dans le courant. De temps à autres, un peu plus loin, une carpe sautait. Le bruit mat du poisson retombant dans l’eau ponctuait le silence alentour.
Mais que dire de ce silence?
Car en réalité, tout un peuple chantait, se répondait d’arbre en arbre. Une multitude d’oiseaux reprenaient en chœur le chant de la vie et le silence n’était alors qu’une apparence. Ce silence était celui de l’esprit de contemplation, lorsque les idées s’effacent et que la paix s’installe enfin dans la tête. Grand plongeon dans la nature, ne faire plus qu’un avec elle, se fondre en elle et lui appartenir.
Comme chaque fois, après être rentré chez moi pour déjeuner, je m’aperçus que je n’avais pas pris la moindre photo « mécanique », mais que j’avais fait le plein d’images vivantes et mentales.
Bref, que je m’étais bien vidé, que la journée pouvait commencer et m’inonder de son soleil.
En cette heure captive où la nuit n’a pas encore renoncé à son emprise sur le monde, la nature retient son souffle. Elle attend la délivrance du soleil, qui parfois ne vient pas. Mais en ce jour, pourtant noyé dans les brumes, on pouvait par instants distinguer, à travers de furtives déchirures dans le voile de vapeur d’eau, de timides esquisses d’un rose laiteux laissant présager que, le moment venu, il allait illuminer, embraser la campagne de toute sa force naissante.
C’est cet instant que j’avais choisi pour commencer ma journée. Appareil photo en bandoulière, j’avais laissé derrière moi la douillette tiédeur de la maison. Je voulais saisir l’insaisissable, ce monde flou et presque immatériel, ce moment de bascule, cette invisible charnière entre l’obscurité de la nuit déjà disparue et la promesse d’une délivrance à venir.
Oui, vraiment, saisir l’insaisissable.
Les frondaisons légères de cet avril finissant frémissaient au moindre souffle. L’eau de la rivière, transparente et mouvante, instable et silencieuse laissait voir son lit pierreux où s’accrochaient quelques herbiers qui ondulaient lentement dans le courant. De temps à autres, un peu plus loin, une carpe sautait. Le bruit mat du poisson retombant dans l’eau ponctuait le silence alentour.
Mais que dire de ce silence?
Car en réalité, tout un peuple chantait, se répondait d’arbre en arbre. Une multitude d’oiseaux reprenaient en chœur le chant de la vie et le silence n’était alors qu’une apparence. Ce silence était celui de l’esprit de contemplation, lorsque les idées s’effacent et que la paix s’installe enfin dans la tête. Grand plongeon dans la nature, ne faire plus qu’un avec elle, se fondre en elle et lui appartenir.
Comme chaque fois, après être rentré chez moi pour déjeuner, je m’aperçus que je n’avais pas pris la moindre photo « mécanique », mais que j’avais fait le plein d’images vivantes et mentales.
Bref, que je m’étais bien vidé, que la journée pouvait commencer et m’inonder de son soleil.
Imprimer | Commenter | Articlé publié par François Boussereau le 30 Avr. 16 |